Bulletin Camino avril 2017

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Témoignages

Le chemin de saint François Régis

Je profite de ce message pour remercier une nouvelle fois toute l’équipe du bulletin Camino pour la qualité de son travail. Merci aussi à ceux qui par leurs écrits alimentent ce lien bien précieux entre les pèlerins. Et dans ce n° 173 (janvier 2017), un merci particulier à la rédaction, aidée par André, pour « DOMMAGE », et à Marie pour son « petit coup de gueule » qui remet les choses en place et qui veut redonner leur vrai sens, leur véritable raison d’être aux chemins de Saint-Jacques.
Pour la première fois depuis 2008 (Via Podiensis, camino Frances et le cap Fisterra, voie d’Arles, voie du Piémont pyrénéen jusqu’à Oloron pour bifurquer vers le Somport et Puente la Reina, et enfin le dernier tiers de la via de la Plata), nous n’avons pas pu nous libérer pour aller nous ressourcer sur les chemins. 2017 devrait être plus propice !
Nous avons quand même réussi à prendre 9 jours et à faire les chemins de saint François Régis, très belle boucle du Puy au Puy, sur une voie marquée par la présence de ce grand saint qui a évangélisé le Velay et le Vivarais. Pour ceux qui ont peu de temps, c’est un très bel itinéraire, avec quelques solides dénivelés, peu fréquenté et bien équipé en gîtes.
Encore tous nos vœux et notre fidèle amitié jacquaire. Hervé et Marie-Françoise.

Le chemin, son esprit, son histoire

Mon cher Camino,
Tout d’abord puisque c’est l’époque je te présente tous mes voeux pour 2017 : une longue vie, beaucoup d’adhérents et de beaux chemins. Je reçois ce jour le dernier numéro de Camino (N° 173 janvier 2017) et voudrais pousser un coup de gueule que tu peux publier en totalité ou partie.

Je voudrais réagir au sujet de deux articles que tu publies : le premier est « Dommage », signé de la rédaction. Le second est celui de Marie Gagneur que je mets d’ailleurs en copie. Je souscris totalement à vos deux points de vue. Je suis sur les chemins depuis 1999 et viens cette année de faire Vezelay – Compostelle (en fait León par suite de décès) par le Frances. J’ai été heurté par le mercantilisme développé autour des sites religieux et surtout l’obligation de devoir payer pour entrer dans les églises et les chapelles. Dans les petites églises de village, on ne paie pas réellement mais à l’accueil, il y a le plus souvent une dame qui sous couvert de tamponner la credentiale demande 2 ou 3 euros. J’ai toujours refusé de les donner : non pour la somme mais par principe. Il est vrai que la crise économique a été sévère en Espagne et que c’est peut-être une façon pour certains de gagner un peu d’argent mais j’ai trouvé le principe choquant. Quant aux grandes cathédrales je n’en parle même pas : payer à l’entrée de celle de Burgos, de León, etc., c’est révoltant. Comme il est révoltant de vouloir effacer sous des prétextes fallacieux le passé chrétien de ce pays (et du notre aussi puisque beaucoup de chemins jacquaires le traversent), passé qui a forgé notre civilisation.

J’ai vécu aussi douloureusement que Marie le mercantilisme autour du chemin. Maintenant on « fait » le chemin comme elle le dit si bien ! Le chemin appartient à tous, croyants ou non croyants c’est une évidence, comme il doit être accessible à qui veut l’emprunter. Mais ce chemin n’est pas un chemin de randonnée comme un autre. Il a une spiritualité que trop voudraient occulter, annihiler. Vouloir gommer cet aspect spirituel est un non-sens. Tout cela m’a profondément déçu tout au long des 1500 km que j’ai parcourus cette année. Peut-être ai-je eu le tort de partir en juillet, en même temps que ces touristes qui viennent parasiter les gîtes et auberges, ayant réservé leurs étapes 3 mois avant de partir et faisant transporter leur sac par les sociétés de transport qui se sont multipliées le long du Camino ! Grâce à cette pratique les « donativos » disparaissent les uns après les autres attaqués judiciairement qu’ils sont par les professionnels de « l’accueil pèlerin », car il n’est plus permis à notre époque de pratiquer une générosité et un hébergement gratuits dans des gîtes ne respectant pas par ailleurs les fameuses directives européennes !

Alors vous me direz, que faire ? Se taire et laisser faire sous prétexte que c’est l’avenir ? Ou s’efforcer de maintenir vivante cette belle tradition du chemin de Saint Jacques ? La route est longue et chacun, athée, croyant, adepte d’une spiritualité quelconque, sportif, handicapé ou valide doit pouvoir l’emprunter comme il le veut et quand il le veut. Pourquoi ne pas en revenir aux fondamentaux et faire entendre cette voix dans les différentes associations afin qu’avec le poids qu’elles représentent elles rappellent les origines chrétiennes de ce chemin ? Ce n’est pas une insulte. C’est l’Histoire et rien que l’Histoire. Cette Histoire a fait notre culture et cela n’empêche pas que chacun marche en croyant à ce qu’il veut.

Il semble à ce que j’entends à chaque fois que je mets en marche ma télévision, que beaucoup nous rebattent les oreilles d’ « identité » : n’est-ce pas tout simplement parce que nous avons oublié notre culture ?

Jacquairement à toi. Signé : dis deji disdeji@yahoo.fr

QUAND ON VA EN PÈLERINAGE À COMPOSTELLE, QU’EST-CE QUI EST LE PLUS IMPORTANT : LE CHEMIN OU COMPOSTELLE ET SAINT JACQUES ?

Par Pierre Swalus pierre.swalus@verscompostelle.be

La question peut être posée car contrairement à d’autres lieux de pèlerinage, comme Lourdes par exemple où généralement on se rend en train, en avion ou en voiture et où ce qui est important c’est ce qui se passe sur place, pour Compostelle par contre, le cheminement fait partie intégrante du pèlerinage. Le « aller vers » est très important : la preuve en est que la Compostela n’est attribuée qu’aux pèlerins qui ont au moins marché les 100 derniers km ou parcouru en vélo les 200 derniers. Pour être pèlerin il faut avoir pérégriné…

Pour pas mal de pèlerins vers Compostelle, l’approche du but est d’ailleurs vécue de façon assez ambivalente : souvent avec un certain regret de voir approcher la fin d’une belle aventure faite de rencontres et de moments de partage intense.

L’arrivée même à Compostelle est aussi source de sentiments mélangés : à la joie d’avoir réalisé son rêve, d’avoir pu vaincre les difficultés et les doutes éventuels, d’arriver enfin à ce lieu mythique, se mêle souvent très rapidement une certaine désillusion : désillusion de découvrir la ville grouillante de touristes, le brouhaha d’une foule et d’une ville perpétuellement en fête, le sentiment aussi que la belle aventure vécue avec d’autres pèlerins est finie. D’où aussi la joie ressentie à chaque rencontre de pèlerins précédemment côtoyés et l’envie de figer ces derniers moments de communauté en prenant moult photos de groupes et en faisant la fête ensemble.

Après avoir accompli les quelques gestes rituels : l’entrée dans la cathédrale, l’embrassade de la statue de saint Jacques, éventuellement la messe du pèlerin et bien sûr la quête la Compostela, le pèlerin sent que son pèlerinage est terminé et que quelque chose d’autre commence : l’après pèlerinage…
Beaucoup de pèlerins ne restent d’ailleurs que peu de temps à Compostelle. Rares sont ceux qui prolongent leur séjour au-delà de 2 ou 3 jours : le pèlerin qui ne se sent plus en pèlerinage, n’a souvent pas tellement envie d’être un simple touriste… Retour donc à la question initiale : qu’est ce qui est le plus important ? Est-ce le chemin ou saint Jacques à Compostelle ? Faut-il, pour qu’on puisse parler réellement de pèlerinage, que le « pèlerin » accorde la première place à saint Jacques plutôt qu’au chemin et à ce qu’il y a cherché et/ou découvert ?

Le père Ihidoy qui a accueilli de 1981 à 2001 des milliers de pèlerins dans son presbytère de Navarrenx, dans une intervention qu’il a faite sur le thème des pèlerins et des randonneurs sur le chemin de Saint-Jacques, brosse de manière succincte une série de portraits de « pèlerins » qu’il a accueillis. Si les motivations des uns et des autres sont extrêmement variées, religieuses parfois mais aussi dans de nombreux cas simplement humaines, il est frappant de constater que dans tous les exemples donnés par le père Ihidoy, il ne cite pas une seule fois le nom de saint Jacques ou de Compostelle.

La variété des motivations rencontrées l’amène à aborder cette question si souvent posée « Ne faut-il pas distinguer les vrais pèlerins et les faux pèlerins ? À cette question, il répond d’abord « Qui peut juger ? »

Puis il apporte un exemple vécu : « un soir, un jeune couple belge, avec un chien noir, fait halte chez moi. Tous les deux sont chômeurs. Après avoir sympathisé avec eux, et avant d’écrire un petit mot sur leur « Credential » et de le tamponner, je leur demande : qu’est-ce que vous cherchez sur le Chemin ? C’est elle qui me répondit, et je n’oublierai jamais l’expression de son visage en prononçant textuellement ces mots : « Nous cherchons : un peu de force, nous sommes fragiles ; un peu de stabilité, nous n’avons pas de travail… ; un peu d’équilibre, nous avons du mal à gérer notre vie… »

Il y avait là un autre couple plus ancien, un pasteur protestant et sa femme, médecin. Nos regards se sont croisés, non sans émotion, et celui du pasteur me disait : « Voilà les vrais pèlerins ». Et le père Ihidoy de conclure : « Je voudrais tellement qu’on cesse de juger les bons et les mauvais pèlerins. Ce n’est pas de la naïveté ? C’est du réalisme. Permettons à chacun, en faisant le Chemin, de faire son chemin. »

Pour le père Ihidoy, il semble bien que ce soit le chemin et ce qu’il entraîne comme cheminement intérieur qui caractérise le pèlerin vers Compostelle. Le nombre de pèlerins qui, ayant accompli un premier pèlerinage jusqu’à Compostelle, retourne par la suite marcher sur d’autres chemins de Saint-Jacques mais sans aller jusqu’à Compostelle, témoigne aussi par-là de l’importance première qu’a la spiritualité vécue sur le chemin dans leur démarche pèlerine. Pierre Genin dans la conclusion de son livre rejoint le père Ihidoy lorsqu’il écrit « Si le chemin de Saint-Jacques est un chemin de transformation, laissons les pèlerins vivre leur pèlerinage comme un grand moment de transformation. Ne mettons pas la main sur les pèlerins ! Laissons- les être ce qu’ils sont. Faisons pleinement confiance au Chemin qui en profondeur, travaillera le pèlerin ouvert à cette expérience de vie exceptionnelle. »

Remarquons aussi qu’en parlant du « chemin de Saint-Jacques » et non du chemin vers saint Jacques, l’accent est bien mis par l’auteur sur le cheminement et non sur l’aboutissement final du pèlerinage. Nous pourrions conclure avec le même auteur que Compostelle n’est pour le pèlerin « qu’un prétexte pour se mettre en route » et que « le pèlerinage se vit essentiellement sur le Chemin et non à l’arrivée »1 et répondre ainsi à notre question initiale.


Culture jacquaire

PRESENTATION DU FILM : LE TEMPS DE COMPOSTELLE

L’Hospitalité Saint-Jacques, accueil pèlerin sur la voie du Puy-en-Velay depuis 25 ans, vient de produire un film documentaire sur le pèlerinage de Compostelle (28 mn). Des jeunes réalisateurs et des musiciens ont fait oeuvre spirituelle originale pour lever un peu le voile du Mystère Saint Jacques qui attire tant d’Européens en quête de sens, en quête d’eux-mêmes, en quête de Dieu, depuis des siècles. Le film est en ligne, regardez-le sur : http://letempsdecompostelle.free.fr
Peut-être, vous chausserez-vous pour partir vers le sanctuaire de l’apôtre du Christ ?
Ce film a l’audace d’être d’abord un film pèlerin avant d’être un film sur le pèlerinage. La caméra aura pérégriné sur les chemins et visité les hospitalités dédiées à l’accueil des pèlerins, sans lesquelles l’esprit du pèlerinage ne se serait pas aussi bien transmis. Plutôt que le suivi d’un ou plusieurs pèlerins tout au long de l’itinéraire, ce film de 28 minutes esquisse les états successifs vécus sur le chemin, clé de l’ouverture du cœur, de la contemplation et de la juste relation à l’autre. Croit-on que seule la marche au long cours, l’immersion quotidienne dans la nature et les rencontres transfigurent le pèlerin ? Nous sentirons qu’elles nous prédisposent surtout à une transformation, bien plus profonde, plus mystérieuse. Ce film nous le laisse entrevoir et deviner sans rien imposer et peut donner envie de partir…
Qui sont les réalisateurs du film?
Passionné par cette aventure cinématographique, Louis Tandeau de Marsac, technicien du son, qui a vécu sa jeunesse au cœur de l’accueil des pèlerins, a réuni une équipe de jeunes professionnels : Pierric Forcade, cameraman, Jonathan Bayol, vidéaste, Irwin Gomez, compositeur et interprète de la musique originale avec Nicolas Billi et Hervé Bézamat au mixage.
Allez voir le film documentaire (28 mn) sur youtube :

8 rue du Collège – 12 190 Estaing – 05 65 44 19 00
www.hospitalite-saint-jacques.fr


Vie des chemins

Excellente nouvelle, l’affaire du Soulié est « classée » !

3 mars 2017 — Je ne résiste pas à la joie de vous transmettre la nouvelle que vient de me donner Michel au téléphone ce soir : Il a reçu ce jour vendredi 4 mars un courrier en provenance du tribunal lui disant, en gros, que les faits relatés dans la signification faite le 23 mai 2016 (quand même!) et suite à l’enquête n’étaient pas de nature à justifier des poursuites et que la concurrence n’était pas démontrée ! Je vous en dirai plus quand Michel m’aura transmis une copie du courrier mais nous pouvons, dès à présent, nous réjouir de cette décision qui confirme pour tous les « donativo » qu’il n’y a pas, qu’il ne peut pas y avoir de concurrence avec les autres gîtes. C’est une bonne nouvelle pour tous ceux qui voudront s’installer sur le chemin. Au fond cette affaire aura fait progresser notre cause. Merci à notre détracteur et à saint Joseph puisque la bonne nouvelle arrive le premier vendredi du mois qui lui est consacré. Deo gratias !! Et merci à sainte Fleur la patronne des hospitaliers et du gîte de Michel ! Et merci à votre mobilisation qui y a certainement contribué! Ultreïa, Esus Eia,
L’aventure du chemin peut continuer!

MARCHE STE-ANNE-GASPÉ 10e ÉDITION

Avis aux pélerins (ines) aguerris à la marche de longue distance, et à ceux et celles que les embûches du CAMINO n’effraie pas. Il y aura cette année une 10e édition de cette marche de 800 km tout au long du majestueux fleuve St-Laurent en Gaspésie au Québec. Distance équivalente à la partie espagnole de Compostelle (du camino Frances). Si vous voulez relever un vrai défi à la fois PHYSIQUE, MENTAL, SPIRITUEL ET CULTUREL, vous êtes au bon endroit. INSCRIVEZ-VOUS rapidement, c’est une bonne occasion car la valeur de l’EURO par rapport au DOLLAR canadien favorise les pèlerins, c’est quasiment du 2 pour 1. Il n’y a qu’un départ soit le 22 AÔUT pour arriver à Gaspé le 22 septembre et les places sont limitées. RÉFÉRENCE EUROPÉENNE : gilbert.besnier@free.fr Plus d’informations : steannegasp@gmail.com

URBAIN V, NOUVEAU CHEMIN DE RANDONNÉE ET DE PÈLERINAGE

Le Chemin Urbain V est un GR® thématique et historique qui a été créé autour de la vie et de l’œuvre de Guillaume Grimoard, né en Gévaudan (Lozère) qui fut nommé pape sous le nom d’Urbain V en 1362.
Ce chemin long de 329 km va de Nasbinals à Avignon. Il traverse l’Aubrac, les Causses, les gorges du Tarn, les Cévennes, le Mont Lozère, les garrigues et permet de relier quatre sites UNESCO. C’est un chemin à échelle humaine où la convivialité est de mise. Il peut se parcourir en 15 à 17 jours. Un site internet lui est dédié : www.randonnée-urbain-v.com et l’association a son bureau à Mende. Elle vous y accueillera pour des renseignements, l’achat de votre topoguide… mais cela peut aussi se faire via le net : chemin.urbain.v@gmail.com


Annonces

Ancien Carmel cherche volontaires à Moissac

L’ancien Carmel de Moissac recherche des volontaires pour accueillir pèlerins et randonneurs sur certaines périodes de la saison 2017 : mai, juin et août sur des périodes de 15 jours en équipe de 4 personnes. Pour toute information, contacter le 05 63 04 62 21 ou écrivez-nous à l’adresse :
accueil.cafmoissac@wanadoo.fr

Gîte à vendre sur la voie d’Arles

À VENDRE Gîte 6 places sur la voie d’Arles (Aude).
Pour des raisons personnelles, je mets ma maison équipée pour l’accueil de six pèlerins à vendre : une chambre partagée avec quatre lits et une chambre deux lits + sanitaire non privatif. Coin cuisine, jardin et terrasse. À 1,2 km du GR653, entre Castres et Toulouse. Contact La Passeur-elle 04 68 23 17 71.
lambchris@orange.fr

Chemin de Florence à Rome

Je voudrais faire le chemin de saint François de Florence à Rome. Il existe un topo en italien de La Verna à Assise que je me suis procuré, mais je n’ai pas d’indications pour le tronçon entre Florence et La Verna et le tronçon entre Assise et Rome. Je fais appel à vos connaissances pour me dire s’il existe des topos (en français ou en italien) couvrant ces deux morceaux de parcours. Quelqu’un a-t-il déjà fait ce chemin ? Merci de vos réponses et conseils éventuels.
Daniel-84@orange.fr

Bulletin Camino avril 2017
Annonces, culture, informations pratiques, témoignages sur les chemins de Compostelle à destination des pèlerins et amis du Chemin.

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