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Par Pierre Swalus pierre.swalus@verscompostelle.be
Un ami me parlant de la relation faite par un pèlerin de son pèlerinage et de ce qu’il y avait trouvé pour lui-même, me disait qu’en l’écoutant il avait été déçu du peu de lien fait avec Compostelle et qu’il avait pensé que ce pèlerin aurait pu trouver la même chose en marchant sur un GR… Cette remarque m’a amené à réfléchir à ce qui différenciait le GR du chemin de pèlerinage ou autrement dit : en quoi le pèlerinage se différencie-t-il d’une randonnée ?
Je devrais pouvoir trouver des réponses à cette question puisque avant d’être des pèlerins nous avions été, ma femme et moi, des randonneurs et qu’entre nos pèlerinages, nous avions continué à randonner (nous avons été 7 fois à Compostelle et avons d’autre part fait 26 randonnées). La première fois que cette question nous fut posée, c’était en 1990 lors de notre premier pèlerinage et nous entendions de la bouche d’un pèlerin allemand que nous rencontrions régulièrement, dire : « Nous avons plus beau en Allemagne… Ce n’était pas la peine de venir si loin ! Trop de marche sur les routes. »
Dans son journal, Simonne (mon épouse) écrivait le soir: « Il m’a fait toucher du doigt toute la différence qu’il peut y avoir entre le chemin d’un GR et celui d’un pèlerinage. Lors du pèlerinage nous accomplissons le chemin comme une tranche de vie où l’on prend tout : le bon, le moins bon, le beau, le quelconque. On ne sélectionne pas. Il pleut, la route est mauvaise, il fait trop chaud. On continue, on ne prend pas le bus pour autant ! On accomplit le chemin quel qu’il soit. On l’accepte et on le fait jusqu’au bout (si c’est possible !)… /… si le trajet a été beau et merveilleux, tant mieux. C’est une joie supplémentaire, c’est comme un cadeau. Sur le GR nous cherchons le beau, le pittoresque. Si le chemin devient trop quelconque on va voir ailleurs, s’il pleut trop longtemps, on peut arrêter… ».
Ceci me semble déjà une réponse mais on peut réfléchir plus avant. On pourrait se demander si un pèlerinage ne se distingue pas par le fait que, d’une part, on marche sur un chemin de pèlerinage et que d’autre part on y côtoie de nombreux autres pèlerins. Notre expérience nous dit que cela n’est pas suffisant comme distinction : lorsque nous sommes partis de chez nous en Belgique pour rejoindre la première fois Vézelay, puis Le Puy, ensuite Montpellier et enfin Tours, nous n’avons pas suivi un chemin de pèlerinage tracé, nous avons établi notre propre itinéraire et nous n’y avons rencontré aucun autre pèlerin… et sur notre premier chemin (en 1990) nous avons dû attendre la montée vers Roncevaux pour rencontrer les premiers pèlerins. Et cependant pour nous, nous étions à notre 60ème jour de pèlerinage !
Bien que les rencontres avec d’autres pèlerins soient une des richesses apportées par le pèlerinage, ce ne sont pas elles qui définissent le pèlerinage, pas plus d’ailleurs que le chemin suivi.
Ce dernier point est encore confirmé pour nous par le fait que nous avons marché sur les mêmes itinéraires en pèlerins et en randonneurs. En 1994 nous avons pérégriné jusqu’à Compostelle en empruntant en France le chemin passant par le Puy-en-Velay, et en 1997, nous avons randonné du Puy à Cahors. Qu’est-ce qui distinguait ces deux marches ? D’abord, le fait que lors de notre pèlerinage si nous suivions en gros les villes-étapes du GR, nous abandonnions allègrement le GR lorsque des chemins de traverse étaient plus directs, tandis que lors de notre randonnée, nous avons suivi en totalité les 325 km du sentier balisé. Ensuite par le fait que nous n’étions pas dans les mêmes dispositions d’esprit : dans le premier cas, nous étions des pèlerins et dans le second, nous étions des randonneurs !
Il nous semble donc clair que ce qui distingue une « randonnée sur un GR » d’un « pèlerinage », c’est avant tout l’état d’esprit de celui qui se met en marche. Comme le disent J. CHÉLINI & H. BRANTHOMME « Le pèlerinage fonctionne comme la manifestation matérielle d’un itinéraire spirituel… /… Le pèlerin s’engage totalement, physiquement et spirituellement… ». C’est parce que le marcheur s’engage dans une démarche spirituelle, d’ouverture, de questionnement, d’écoute, de recherche, de lâcher-prise, « qu’il entre dans la grande famille des pèlerins et que son chemin devient un chemin de pèlerinage ».
J’avais cheminé sur les 6 voies françaises de pèlerinage vers Saint-Jacques, dont 2 jusque Compostelle et aussi d’Arles vers Rome et Jérusalem. Cette fois-ci, j’ai choisi de marcher dans les pas de Sigéric, archevêque de Canterbury, sur la Voie des Francs, ancienne voie romaine, depuis longtemps empruntée par des Rois, des marchands et de nombreux pèlerins se rendant à Rome : Un parcours de près de 2000 kms…
De plus en plus d’anciens pèlerins de Compostelle prennent cette Voie dans un sens ou dans un autre, cheminant dans la sérénité des sentiers peu fréquentés. Mais il ne faut pas avoir peur d’être seuls, avoir un bon sens d’orientation, et pouvoir s’aider d’une boussole, en cas de difficulté sur le chemin.
Partie le 2 novembre 2016 de Canterbury, une grosse 1ère étape m’a amenée à Douvres pour y prendre le ferry vers Calais. Ensuite, j’ai traversé le Pas-de-Calais, la Somme, l’Aisne, la Marne, l’Aube, la Haute-Marne, la Haute-Saône et le Doubs avant de m’arrêter le 5 décembre à Pontarlier après 34 jours et 830 km. Je repartirai mi-octobre de cette année 2017 pour rejoindre la Suisse puis l’Italie par le Col du Grand-Saint-Bernard.
Futur Grand Itinéraire Européen, la Via Francigena est actuellement partiellement balisée en tant que GR 145, notamment dans le Pas-de-Calais, en Champagne-Ardennes et en Franche-Comté. Dans l’Aisne, plusieurs GR non numérotés se croisent et il vaut mieux être prudent.
Pour le Pèlerin qui veut éviter les nombreuses circonvolutions du GR et emprunter un chemin plus historique, il est utile de prendre son adhésion à l’Association Via Francigena (AIVF) : on peut ainsi facilement recevoir la crédentiale spéciale et trouver des documents comme le TopoFrancigena proposant un itinéraire plus direct, empruntant parfois le GR mais aussi d’autres chemins ou petites routes. On peut aussi s’y procurer les listes d’hébergements pour la Suisse et l’Italie. En France, plusieurs associations sont déjà bien actives et peuvent renseigner en matière d’hébergements, comme l’Association Arras-Compostelle et l’Association Randonneurs Pèlerins 51 à partir de Reims (permanences à la cathédrale).
Même en novembre-décembre, il y a des gîtes communaux ou privés, des accueils pèlerins chrétiens ou laïcs, mais aussi des petits hôtels proposant un prix spécial. Dans de nombreux villages n’ayant pas de ravitaillement ou de cafés, j’ai rencontré des habitants acceptant de me chauffer un peu d’eau pour ma boisson chaude, et m’ouvrant souvent leur porte pour m’offrir un peu de chaleur : je les remercie de leur hospitalité généreuse et de leur compagnie alors que quelques uns me la refusaient…
À Calais, j’ai découvert ce qu’est la suspicion envers « l’étranger », en cheminant près de la célèbre jungle tout récemment évacuée. Très vite, mon sourire et mon français rassuraient ceux qui acceptaient la rencontre !
Dans le Pas-de-Calais, en suivant l’itinéraire du topo guide AIVF, j’ai dormi à Amettes où j’ai visité avec intérêt la maison natale de saint Benoît Labre, laïc ayant cheminé sur toutes les voies européennes de pèlerinage et devenu de fait le second saint patron des pèlerins d’Europe. J’ai savouré des mûres attardées, des pommes tombées, et beaucoup de raisins à champagne laissés après les vendanges.
En cheminant seule, j’ai rencontré beaucoup d’animaux peu effrayés par mon passage : des grues, des ragondins, beaucoup de biches et de lièvres, un beau héron qui m’a regardé passer à 1 m sur le bord d’un canal, deux bouquetins rencontrés magiquement (à 6 m) près des sources de la Loue dans le Doubs…
Quelques jours de pluies, notamment 3 h de pluie battante en arrivant à l’Abbaye de Wisques près de Saint-Omer. Mais pas mal de belles journées ensoleillées avec de chouettes paysages d’automne. Et pour finir, deux semaines merveilleuses de traversée de vallées blanches aux arbres givrés lumineux sous le froid soleil de début d’hiver.
Vivement l’automne pour continuer vers Rome!
Pascale, lapelerinedesaintemere, Gers
Pèlerin, je ne marche pas à la « nordique », je ne vais qu’à Compostelle donc vers le sud ! J’ai appris à marcher alors que je n’étais qu’un tout petit enfant, j’ai pratiqué un peu de sport dans ma jeunesse et conscient que je me sers de mes jambes depuis si longtemps je n’ai pas besoin d’un « coach » pour apprendre à marcher et céder à la mode de l’équipement du parfait petit marcheur présumé « nordique ».
Depuis plus de mille ans, tout comme la gourde, le bourdon a été l’équipement indispensable pour le pèlerin ! Son appui dans les moments difficiles, les passages de gué lorsque l’eau était trop abondante après un orage, son propulseur dans la fatigue sur les chemins escarpés, sa défense face au danger des brigands et des bêtes sauvages. En fait il était aussi un signe de reconnaissance, la coquille que nous arborons souvent avec complaisance de nos jours, les pèlerins ne l’avaient qu’au retour !
J’apprécie d’avoir une main libre, celle que je vais tendre spontanément à l’inconnu qui souffre et qui a besoin d’aide, mais aussi pour saisir ma gourde, pour boire ou partager l’eau avec celui qui a soif, et ce n’est pas qu’un acte symbolique !
Je n’emmène aucun animal avec moi, pourquoi imposer la présence d’un chien sur un chemin de prière, dans un hébergement réservé aux pèlerins, dans une église… ?
Ma solitude en cours de Chemin, je la partage avec mon « bourdon ». Oh ! Ce n’est point un magnifique objet d’art ! Après n’avoir été qu’une branche ramassée en toute hâte au bord d’une piste forestière pour faire face à deux énormes chiens fortement agressifs, il est devenu ma « troisième jambe du marcheur » et, pas après pas, mon plus fidèle compagnon sur le Chemin, « mon Bourdon !» : un bon bâton ouvragé à partir d’une branche cueillie sur un érable de mon jardin.
Je ne recherche pas la convivialité, je la trouve chaque jour lors de rencontres que la providence m’offre tout au long du Chemin.
Daniel Segura danielsegura32@gmail.com
Le Centre Culturel Georges Brassens d’Avrillé (49) me fait l’honneur de m’accueillir à nouveau le mardi 23 mai 2017 à 20 h 30 dans la grande salle (272 places) pour la projection d’Un Chemin de Compostelle, film d’une durée de 1 h 40, suivie d’échanges avec le public, par Xavier Vallais.
http://www.ville-avrille.fr/actualites/talents-avrillais-2017/
Gaële de La Brosse, auteur notamment du Guide spirituel des chemins de Saint-Jacques et de Tro Breiz, les chemins du Paradis, publie deux livres en ce mois de mai.
1) Saint Jacques : sa vie, son message, son héritage, notamment autour des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et du travail effectué par les associations jacquaires
[Presses de la Renaissance/Le Figaro, collection « Les grandes figures de la spiritualité chrétienne » dirigée par Michael Lonsdale – 9,95 euros – en kiosques et en maisons de la presse à partir du 4 mai 2017 – en librairies à partir du 4 janvier 2018]
2) Guide des chemins de pèlerinage : Ce livre, illustré de cartes, présente 35 chemins de pèlerinage à travers la France (chemins de Saint-Jacques, mais aussi du Mont-Saint-Michel, de saint Martin, de Saint-Gilles, d’Assise, du Tro Breiz, de Rome par la Via francigena, de Rocamadour, de Chartres, etc.) à effectuer en plusieurs mois, une semaine ou une journée de marche. On y trouve l’histoire du lieu et de son pèlerinage, la vie du saint et la description du sanctuaire. Mais ce guide répond aussi à des questions plus pratiques : longueur du parcours, balisage, hébergements, structures où se renseigner, bibliographie. Enfin, on découvrira dans ces pages ce qui donne à chacun de ces chemins un « supplément d’âme » : la valeur qui lui est propre (l’hospitalité sur les chemins de Saint-Jacques, le partage sur les chemins de saint Martin, la fraternité sur les chemins du Mont-Saint-Michel, etc.) et qui orientera le choix du marcheur en quête de sens.
[Presses de la Renaissance – 19,50 euros – en librairies à partir du 11 mai 2017]
Depuis 2015, à l’initiative de l’Église de France et grâce au soutien et aux moyens mis en œuvre par l’archevêque de Santiago, cet accueil organisé par les équipes de Webcompostella propose aux pèlerins francophones, quelle que soit leur motivation de départ sur la route, un temps de partage, la visite spirituelle de l’extérieur de la cathédrale, une messe célébrée en français… L’accueil, ouvert du 15 mai au 15 octobre 2017, est situé au Centre d’Accueil des Pèlerins (lieu de retrait de la Compostela) 33, Rua das Carretas (1er étage).
Peut-être avez-vous eu des échos de cet accueil… Nous vous invitons à prendre connaissance de l’accueil sur le site http://www.webcompostella.com/ Rubrique Accueil francophone. Peut-être faites-vous partie des pèlerin(e)s qui arriveront cette année à Santiago, vous êtes attendu(e)s ! Ultreïa & Suseïa !
François Scherpereel, dans son article, évoque les problèmes de certains hébergeurs donativo.
Oh ! Combien cette expression fait partie du Chemin ! Souvent plébiscité, respecté, comprise par de nombreux pèlerins, elle reste aléatoire pour les non initiés dans sa signification, elle provoque de nombreuses interprétations : concurrence déloyale pour les uns, gratuité pour d’autres.
Merci à tous ces bénévoles du chemin qui font passer le pèlerin avant leur vie locale, sociale, voire culturelle. Il concluait son article par un appel à l’organisation d’accueils associatifs sur le chemin.
www.hospitaliers-st-jacques.fr/les-as/
Sur ce site exclusivement consacré aux hospitaliers et aux accueils, j’ai regroupé des bases pour le développement d’accueils permettant un avantage économique pour les pèlerins par la présence d’hospitaliers bénévoles, garant d’un esprit que nous avons aimé sur le chemin. Ce ne sont que des propositions et des réflexions que je souhaite partager voire développer pour lutter contre la mercantilisation du chemin.
Jacques Debray, hospitalite74@gmail.com https://www.hospitaliers-st-jacques.fr
À VENDRE Gîte 6 places sur la voie d’Arles (Aude).
Pour des raisons personnelles, je mets ma maison équipée pour l’accueil de six pèlerins à vendre : une chambre partagée avec quatre lits et une chambre deux lits + sanitaire non privatif. Coin cuisine, jardin et terrasse. À 1,2 km du GR653, entre Castres et Toulouse. Contact La Passeur-elle 04 68 23 17 71.
lambchris@orange.fr
A vendre Gîte 6 chambres sur le GR65 à Limogne en Quercy, complètement rénové et meublé. Pour des raisons personnelles, nous mettons notre gîte en vente – 6 chambres de 2 à 3 personnes- 2 Wc – 2 salles de bain avec WC . Espace personnel comprenant une chabre et une salle de bain. Buanderie, cuisine avec réserve, cour, bureau, salle pour laisser les sacs, cave. contact – la maison en chemin 05 65 23 24 46 ou 06 10 79 67 46. la.maison.en.chemin.gr65@orange.fr
Il y a douze ans, j’ai eu la chance de pouvoir marcher sur le chemin de Compostelle depuis Genève jusqu’à Fisterra. Je projette de faire le chemin du retour au printemps 2018. Comme le balisage espagnol n’existe que dans le sens de l’aller, je souhaite entrer en contact avec les pèlerins qui ont déjà fait le trajet en sens inverse, et savoir en particulier s’ils ont eu recours à un GPS. Vous pouvez me contacter à l’adresse jeanmarcperrin@yahoo.fr
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