Le Chemin de Stevenson
Où passe le chemin de Stevenson ?
L’itinéraire que l’écrivain décrit dans son carnet de voyage a été balisé et correspond à l’actuel GR*70. Il part du Velay, passe par le Gévaudan et le Mont Lozère avant d’arriver dans les Cévennes. Le chemin traverse de modestes villes et villages, dans un cadre préservé ; bon nombre d’étapes se situent dans le Parc National des Cévennes. Ce chemin mythique, ouvert par l’écrivain, va du Monastier-sur-Gazeille à Saint-Jean-du-Gard. Pour faciliter l’accès des marcheurs aux transports, le GR*70 a été balisé sur une distance légèrement plus longue, du Puy-en-Velay à Alès. Ce guide vous propose une description de l’itinéraire du Puy-en-Velay à Saint-Jean-du-Gard.
*GR est une marque déposée de la FFRP.
Vie de Robert Louis Stevenson
Robert Lewis Stevenson est un écrivain mondialement connu pour le roman L’Île au trésor et la nouvelle L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde. Pourtant, sa carrière littéraire était loin d’être tracée. Né à Édimbourg le 13 novembre 1850 dans une famille d’ingénieurs spécialistes de la construction de phares maritimes, son avenir ne fait pas de doute. Cependant, il est atteint très jeune de maladies respiratoires chroniques, et il devra lutter toute sa vie contre la tuberculose. Souvent cloué au lit, sa nourrice lui lit des passages de la Bible, Le Voyage du pèlerin de Bunyan (qu’il cite en épigraphe au début du chapitre « Haut Gévaudan » du Voyage avec un âne dans les Cévennes), lui raconte les persécutions des covenantaires (mouvement politique et religieux des presbytériens au XVIIe siècle) et des légendes écossaises mettant en scène des revenants. Le jeune Stevenson aime séjourner à la campagne chez son grand-père maternel, le pasteur Balfour, et prend goût très tôt aux voyages vers le sud pour soigner sa santé et celle de sa mère : l’île de Wight, puis Menton et le cap Martin.
Le jeune garçon suit l’école par intermittence, mais se passionne pour les romans de Walter Scott, d’Alexandre Dumas, et les récits de pirates de Johnston. Cette littérature d’aventure lui offre l’optimisme dont il a besoin pour surmonter un tempérament maladif. Il entre à l’université à quinze ans, poursuit des études d’ingénieur et prend ses distances avec l’austère presbytérianisme de sa famille. Il mène alors une vie de bohème qui scandalise ses proches et se réoriente dans des études de droit en 1871. Amoureux de la France, c’est à cette époque qu’il change la graphie de son nom en Robert Louis Stevenson. Sa famille l’envoie dans le Suffolk ; il y fréquente Sydney Colvin, critique influent qui l’introduit dans le monde littéraire. Bien qu’il soit reçu au barreau en 1875, il n’exerce pas ; c’est la carrière d’écrivain qui l’intéresse.
Robert Louis Stevenson, écrivain voyageur
Dès 1873, il entame une vie de voyages et veut décrire ce qu’il observe. Il séjourne seul trois mois sur une île des Hébrides, se rend en Pays de Galles, en Allemagne, en France. Il lit Hugo, Balzac, Montaigne et Villon. Avec un ami, il descend la Sambre et l’Oise en canoë. C’est à Grez en 1876 qu’il rencontre Fanny Osbourne, une artiste-peintre américaine de dix ans son aînée, et en tombe amoureux. Ils détestent les conventions sociales et se plaisent tous deux dans le Paris des musées et de Montparnasse. Cependant, Fanny Osbourne, qui élève deux enfants, est déjà mariée. Son mari menace de lui couper les vivres si elle ne rentre pas en Californie, et de même, le père de Stevenson menace de mettre fin à sa rente s’il ne rentre pas à Édimbourg. En juillet 1878, Fanny cède aux injonctions de son mari. Faute d’argent, Stevenson, le cœur brisé, ne peut la suivre.
En avril 1878 paraît son premier ouvrage chez l’éditeur Kegan Paul, An Inland Voyage, tiré de son voyage en canoë. Le livre attire l’attention, mais se vend mal. En proie au doute, et pour mieux oublier Fanny, il décide de se retirer. Il choisit de se rendre au Monastier-sur-Gazeille, à quelques kilomètres du Puy-en-Velay. Son choix s’explique en partie par l’admiration qu’il voue à George Sand, et en particulier à l’un de ses romans, Le Marquis de Villemer, publié en 1861. Stevenson s’installe dans une pension pratiquant un tarif modéré et pendant un mois, il parcourt les alentours à pied tout en réalisant des croquis des paysages qu’il traverse.
Un voyage à pied vers les Cévennes avec une ânesse nommée Modestine
À la mi-septembre lui vient l’idée de se rendre dans les Cévennes pour découvrir le pays des Camisards, ces « covenantaires du Midi ». Persuadé que la randonnée lui fera le plus grand bien (il a beaucoup marché dans les Highlands pendant sa jeunesse et a publié en 1876 un essai sur la marche intitulé Walking Tours), il espère aussi écrire un récit suffisamment digne d’intérêt pour mériter une publication et lui rapporter quelques revenus. Dans sa dernière lettre envoyée du Monastier à un ami, il annonce son départ et son projet d’écrire un récit de voyage qu’il intitulerait Voyage avec un âne dans les Highlands français. Le 22 septembre, il part à pied, seul, avec une ânesse nommée Modestine. C’est ce périple qui donnera naissance au Voyage avec un âne dans les Cévennes. Il tient en effet un journal qui s’ouvre sur la description du mois qu’il passe au Monastier. Cependant, à la publication, il préfère retrancher cette partie du carnet pour ne garder que le récit de son voyage à pied vers le pays des Camisards, jour après jour. Mis à part quelques passages rédigés après sa randonnée (en particulier les considérations historiques pour lesquelles il s’est documenté), Stevenson s’est fixé comme contrainte d’écrire tous les matins le récit de la journée précédente avant de reprendre sa marche, d’où quelques départs tardifs quand l’inspiration lui manquait (Langogne et Florac).
Ce voyage a-t-il permis à Stevenson d’oublier Fanny ? Rien n’est moins vrai. Au début de l’année 1879, il confie à son cousin que son carnet de route comporte plusieurs déclarations d’amour cachées qui sont destinées à Fanny, et en réalité, cet amour en est le « fil directeur ». Voyage avec un âne dans les Cévennes paraît chez Kegan Paul en juin 1879. Ce récit se vend mieux que l’ouvrage précédent et nécessite un second tirage dès l’automne. De plus, il reçoit de très bonnes critiques, dont accessoirement celle de son père qui regrette cependant d’inutiles « mentions irrespectueuses du nom de Dieu » et qui déclare : « J’espère que tu ne feras pas de nouveau l’âne en couchant en plein air. »
La célébrité et la lutte contre la maladie
Entre-temps, Fanny réussit à obtenir le divorce et appelle Stevenson à la rejoindre. Celui-ci donc part donc aux États-Unis en août 1879, malgré l’avis défavorable des médecins. Il raconte ce difficile voyage dans The Amateur Emigrant, paru en 1880. Il tombe effectivement malade et ne doit son salut qu’aux soins attentifs de Fanny. Il l’épouse le 19 mai 1880, et les nouveaux époux s’installent en Écosse. Les années qui suivent sont très productives et apportent à Stevenson célébrité et fortune. Il écrit pour les enfants de son épouse des poèmes et des récits d’aventure, dont son premier roman, L’Île au trésor (1883). En 1186 paraît la fameuse nouvelle L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, explorant la double personnalité.
Jusqu’au bout, Stevenson garde le goût du voyage. Pour lutter contre la maladie, il séjourne en Suisse, en Provence, à Hyères ou à Bournemouth. Après la mort de son père, en 1887, il part en croisière vers l’Océanie, visite les îles Marquises, Tihiti et les Samoa occidentales. Charmé par les îles du Pacifique, il fait construire dans l’île d’Opolu une demeure qu’il nomme Vaïlima. L’écrivain surnommé « Tusitala » (« conteur d’histoires ») par les Polynésiens est vaincu par la maladie le 3 décembre 1894.
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