La Via Francigena
Qu’est-ce que la Via Francigena ?
C’est la route de pèlerinage qui mène à Rome, vers la tombe de l’apôtre Pierre, premier pape de l’histoire de la chrétienté. Les débuts de ce pèlerinage datent du haut Moyen-Âge, vers la deuxième moitié du VIIe siècle. L’autre grand but de pèlerinage était bien sûr Jérusalem, et Rome était souvent un lieu de passage pour les pèlerins qui se rendaient jusqu’en Terre Sainte. Le pèlerinage vers Compostelle, plus tardif, ne se développa qu’à partir du XIe siècle.
Saint Pierre
Pierre est le surnom donné par Jésus à l’un de ses disciples nommé Simon, fils de Jonas. Celui-ci était pêcheur sur le lac de Tibériade et quitta sa famille pour suivre Jésus. Dans les évangiles, Jésus fait de Pierre le fondement de son église. Pour les catholiques, Pierre est ainsi le premier de la longue lignée des pasteurs de l’Église. Et en effet, Pierre, parfois trop prompt, se distingue par son enthousiasme et son caractère entreprenant. Dans les Actes des Apôtres, il est présenté comme l’un des principaux dirigeants de la toute jeune communauté des chrétiens. Après la Pentecôte, il décide de prêcher autour de lui la bonne nouvelle.
Selon la tradition, il dirigea la communauté chrétienne d’Antioche et en fut le premier évêque. Il est difficile de savoir quand il arriva à Rome et combien de temps il y demeura, mais il semble à peu près certain qu’il y mourut en 64. Arrêté peut-être à cause d’une dénonciation, il fut condamné à être crucifié. Son martyre aurait eu lieu pendant les persécutions de Néron ; la plupart des suppliciés étaient crucifiés dans le Circus vaticanus, sur la colline vaticane. Une tradition remontant à un texte apocryphe affirme qu’il fut crucifié la tête en bas.
Toujours selon la tradition, la tombe de Pierre se serait trouvée dans une nécropole au nord de ce cirque. À cet emplacement, l’empereur Constantin fit construire une basilique autour de la tombe de l’apôtre. Dans la basilique actuelle, des recherches archéologiques effectuées au XXe siècle ont permis de découvrir sous l’autel une tombe datant du Ier siècle. Près de cette tombe, on a trouvé dans un mur une cavité contenant les ossements d’un homme de 60 à 70 ans. Après l’étude de l’ensemble de ces recherches scientifiques, le pape Paul VI a annoncé qu’il s’agissait probablement des ossements de Pierre.
La naissance du chemin de pèlerinage vers Rome
La Via Francigena, chemin de pèlerinage vers la tombe de Pierre s’est bien sûr développée autour de chemins existants. Les Lombards, qui régnaient dans la plaine du Pô, ouvrirent une route transapenninique permettant de relier le centre de leur royaume à la région de la Tuscie (qui correspond en partie à la Toscane actuelle), conquise dans la deuxième moitié du VIe siècle. Cette « voie des Lombards » passe dans la région du mont Bardone, que vous traverserez lorsque vous franchirez le Passo della Cisa. Au VIIIe siècle, cette « voie des Lombards » est appelée « Iter francorum » (chemin des Francs) ou « Via Francisca » dans l’Itinerarium sancti Willibaldi datant de 725.
La première mention de la « Via Francigena » se trouve dans l’Actum Clusio, manuscrit daté de 876 provenant de l’abbaye San Salvatore al Monte Amiata, à Abbadia San Salvatore en Toscane. Dès le début du IXe siècle, cette voie qui amenait voyageurs et pèlerins (notamment de « France ») jusqu’à Rome était donc déjà bien connue.
L’itinéraire que nous vous proposons dans notre guide (du col du Grand-Saint-Bernard en Suisse jusqu’à Rome) tente de s’approcher autant que possible de la voie suivie par Sigéric, archevêque de Canterbury en Angleterre venu à Rome pour recevoir son pallium. Nous avons en effet conservé le « journal de bord » de son voyage de retour en 990 qu’il effectua en 80 étapes en passant par le col du Grand-Saint-Bernard. La Via Francigena fut de plus en plus fréquentée après l’institution des Années Saintes en 1300.
Un chemin sorti récemment de l’oubli
La Via Francigena était tombée dans l’oubli pendant des siècles jusqu’en 1995 : c’est encore un chemin de pionnier, assez peu fréquenté, qui traverse des paysages grandioses ! La renaissance du chemin entre Canterbury et Rome est due en grande partie au travail d’une association créée en 1997, l’Association Internationale Via Francigena (AIVF), et de sa présidente, Adélaïde Trezzini.
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